L'impact des nouvelles technologies sur le développement durable
Net Zero Carbon, score ESG, champ BTES... L’équipe climate action jongle avec ce jargon au quotidien. Nous nous sommes entretenus avec Pauline, Arne et Jeroen, qui nous expliquent comment leur jeune équipe soutient les objectifs de développement durable et le rôle important de la technologie.
Vous êtes la plus jeune équipe d’Upgrade Estate. Comment votre projet a-t-il vu le jour ?
Jeroen: : Les fondations de notre équipe ont été posées pendant le stage de Pauline et Arne, durant lequel ils ont travaillé sur la transformation durable de nos bâtiments. Compte tenu de notre stratégie de développement durable et des objectifs de réduction des émissions de CO² qu’elle implique, il est devenu évident que nous devions mettre en avant cet objectif. C’est ainsi qu’est né le département « Climate Action ».L’équipe tire son nom de l’un des 17 objectifs de développement durable de l’ONU, plus précisément le 13e : Climate Action (Lutte contre les changements climatiques). L’équipe climate action fi xe ses propres objectifs et entend ramener les émissions de CO² à zéro d’ici 2035, soit un objectif encore plus ambitieux que celui du pacte vert pour l’Europe, fi xé à l’horizon 2050.
Notre équipe compte trois collaborateurs fantastiques : Pauline, responsable de la politique, de la chaîne de valeur et des collaborations durables. Arne, dont le travail consiste à rendre les projets opérationnels plus durables. Et moi-même, responsable du développement commercial de Limoengroen et des concepts autour de la transition énergétique, comme les stratégies B tot B (de la forêt à la construction) et W tot W (de l’éolien à la chaleur).
Votre principale mission est d’atteindre l’objectif « Net Zero Carbon » d’ici 2035 ?
Arne: Oui, c’est effectivement l’objectif de développement durable ultime d’Upgrade Estate. De nombreuses entreprises se qualifi ent déjà aujourd’hui d’entreprise zéro émission nette, mais il existe une importante différence entre zéro carbone et zéro émission nette. Les entreprises zéro carbone, sans aucune émission, n’existent pas. Une entreprise émet toujours du CO² d’une manière ou d’une autre. L’objectif est, bien entendu, de réduire les émissions au maximum. Avec Net Zero Carbon, nous entendons compenser ce que nous émettons. Cette compensation n’intervient qu’en dernière instance, à la fi n de la chaîne. Dans un premier temps, nous nous efforçons de réduire et d’éviter les émissions.
Pauline: Le principal gaz à effet de serre que nous émettons est le CO². Ces rejets proviennent principalement de la réalisation et de la construction de nos projets, sous la forme de carbone intrinsèque. En plus du carbone intrinsèque, nous émettons aussi du carbone lors de la mise en service de nos bâtiments (carbone opérationnel). Si nous poussons l’analyse, nous avons 75 % de carbone intrinsèque et 25 % de carbone opérationnel. La plus grosse charge pèse donc encore sur la construction.S’attaquer aux 25 % de carbone opérationnel était le plus facile. Nous mesurons la consommation d’énergie de nos bâtiments depuis 2014. Grâce à ce suivi, nous savons aujourd’hui où nous en sommes et la direction que nous devons prendre pour atteindre notre objectif en 2035. La réduction du carbone opérationnel comporte toujours deux étapes. La première est la transition vers des bâtiments sans gaz. Dans la seconde, nous nous penchons sur la consommation électrique des bâtiments. Nous pouvons par exemple acheter de l’énergie verte auprès de fournisseurs d’énergie, mais cela ne nous suffi t pas. À terme, nous voulons produire notre propre énergie.
Mes collègues savent que je suis un adepte du ‘Mesurer, c’est savoir’. Les fables et les légendes urbaines, très peu pour nous !
- Jeroen
Quel est l’impact de la technologie sur votre travail ?
Jeroen: : Il est énorme. Mes collègues savent que je suis un adepte du ‘Mesurer, c’est savoir’. Les fables et les légendes urbaines, très peu pour nous ! Nous voulons des données correctes et les obtenir passe obligatoirement par un bon logiciel.Nous avons deux types de systèmes de mesure dans nos bâtiments. Des systèmes de gestion des bâtiments et des systèmes de contrôle de l’énergie. Les systèmes de gestion du bâtiment nous permettent de commander les installations techniques.Avec les systèmes de contrôle de l’énergie, nous surveillerons les données de consommation et de production d’énergie. Ces données alimentent les connaissances des ingénieurs de notre département de construction, qu’ils intègrent dans les projets ultérieurs.
Chaque nouveau projet est l’occasion de tester de nouveaux logiciels. King Upkot en était un bel exemple. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
Jeroen: King Upkot était un exemple à la pointe de la technologie en matière de contrôle de l’énergie. Dans ce bâtiment, nous avions installé à peu près le même nombre de points de mesure que dans tous nos autres bâtiments réunis.Après une analyse de tous les points de mesure de ce projet, nous avons appris qu’il n’est pas toujours nécessaire d’avoir une grande quantité de données pour les exploiter de manière intelligente. Nous avons donc éliminé de nombreux points de mesure dans les bâtiments ultérieurs, et réduit de ce fait les coûts de construction.
En quoi Upoffiz se distingue-t-il d’Upliving et d’Upkot à cet égard ?
Arne: Pour Upoffiz, notre nouvelle marque, nous utilisons la géothermie et notre fameux champ BTES, grâce auquel nous extrayons la chaleur du sol et la diffusons dans l’ensemble du bâtiment. Nous avons déjà utilisé cette technique dans des projets précédents. Ce n’est donc pas un nouveau concept, mais pour Upoffiz, il prend des dimensions impressionnantes avec 108 puits de forage de 150 m de profondeur.Ce en quoi nous sommes des précurseurs, et peut-être l’un des rares à le faire en Belgique, c’est la propagation de la chaleur et du froid par l’activation du noyau de béton. Ce principe fonctionne un peu comme le chauffage par le sol, à la différence que nous stockons la chaleur ou le froid dans la structure en béton du bâtiment. En hiver, les bureaux sont chauffés en extrayant la chaleur du sous-sol. En été, c’est le contraire qui se produit et nous en extrayons le froid.
Si je comprends bien, nous sommes une sorte de grande fabrique d’énergie. Une fabrique qui surveille et évalue en continu. Upoffiz nous occupe déjà à plein temps, sans compter les 30 autres projets. Sommes-nous capables de gérer tout cela ?
Arne: Il est vrai que nous ne manquons pas de travail, mais nous nous amusons. Et surtout, nous travaillons toujours de manière structurée.
Jeroen: L’important, c’est de rester concentré. Pour y parvenir, nous travaillons par projet. Nous sélectionnons un petit nombre de bâtiments que nous soumettons à une analyse de transformation durable détaillée.Le partage des connaissances est un deuxième point essentiel. Nous attachons une grande importance au partage de nos données et de nos apprentissages, notamment avec les équipes facility et upsize (coordination de la construction). Les enseignements tirés d’un projet de développement durable peuvent toujours être repris dans un nouveau projet et les enseignements tirés d’un nouveau projet peuvent être appliqués dans un projet de développement durable. C’est une interaction intéressante et une belle symbiose.
Pour certains, la réflexion et l’action durables deviennent un automatisme. Quelque chose de naturel.Mais il reste important d’impliquer nos utilisateurs dans notre démarche de développement durable. Comment procédons-nous ?
PAULINE: : Nous impliquons les locataires un maximum, et surtout sur le thème du « gaspillage ». Nous avons récemment cartographié le profil de déchets d’un étudiant. Nous avons remarqué que ce profil est très différent de celui d’un Flamand moyen. Les étudiants produisent par exemple beaucoup plus de déchets résiduels que de déchets de tri : 50 % par rapport à 30 % pour un Flamand moyen. Nous nous sommes basés sur ces informations pour définir des objectifs ciblés que nous avons intégrés à notre tableau de bord du développement durable. Nous pouvons ainsi évaluer objectivement s’ils ont été atteints un an plus tard.
À ce titre, nous organisons des ateliers « Déchets » avec les coachs. Cela nous permet d’exposer les points faibles. Mais ce n’est pas tout, nous avons aussi mis sur pied une « trash team ». Cette équipe se réunit régulièrement pour mettre sur pied des initiatives axées sur le développement durable et la réduction des déchets.
JEROEN: Nous avons bien entendu aussi notre mascotte du développement durable, la poule Kotkip, qui délivre des conseils durables dans tout le bâtiment.Mais nous allons encore plus loin. Notre équipe Look & Feel conçoit et crée des concepts d’intérieur inspirants qui utilisent maximum 25 % de nouveaux matériaux. Dans notre atelier d’upcycling, les membres de cette équipe façonnent des objets existants et même des déchets de chantier pour meubler et décorer l’intérieur de nos bâtiments. Cette approche encourage les locataires à ne pas constamment acheter de nouvelles choses et à faire preuve de créativité avec les matériaux existants. Récemment, l’équipe Look & Feel a organisé pour les étudiants un atelier de création d’objets d’art à partir de déchets. Et les résultats se sont avérés particulièrement créatifs.
Nous venons de parler de produire notre propre énergie. Que faites-vous à ce sujet ?
JEROEN: Nous nous dirigeons vers une transition énergétique complète. Une transition dans laquelle nous nous passons du gaz et produisons de la chaleur et du froid via le réseau électrique. Notre consommation électrique augmente donc de manière exponentielle.
Entre-temps, nous avons défini notre stratégie W tot W (de l’éolien à la chaleur), qui consiste à concevoir une éolienne avec laquelle nous produirons de l’électricité pour alimenter nos bâtiments en chaleur, en froid et en électricité. Malheureusement, l’octroi de permis d’éoliennes en Belgique et en Flandre est assez strict. Tout le monde prône l’énergie verte tout en adhérant au principe « pas dans mon jardin ». À l’heure actuelle, ces plans se concrétisent et les procédures d’octroi de permis ont été initiées.
Et pour accélérer davantage cette transition énergétique, nous avons eu l’idée d’installer une ferme solaire sur les terrains à développer. Cette installation repose sur un concept de durabilité à la fois écologique et économique. Aujourd’hui, nous achetons en effet de l’énergie sur le marché à long terme. Mais au regard des importantes fluctuations des prix que nous avons connues l’année dernière, nous avons cherché des moyens de produire de l’énergie de manière stable et durable sur le plan environnemental. L’installation d’une ferme solaire est généralement plus rapide que celle d’une éolienne. En outre, elle cadre parfaitement avec l’idée d’utiliser à court terme des terres qui font actuellement l’objet de projets de développement à long terme.
Elle nous permet en outre de continuer à offrir de l’énergie à un prix abordable à nos plus de 3 000 locataires, et de maintenir notre concept énergétique unique de montants forfaitaires fixes. Les acteurs classiques appliquent des acomptes et des décomptes. Pas nous. Grâce à cette approche, les étudiants n’ont jamais de surprise et la facture d’énergie reste abordable en dépit des hausses de prix.
Vous travaillez en grande partie dans l’ombre ou dans les coulisses. Comment maintenez-vous le lien avec les locataires ?
ARNE: Je suis effectivement souvent dans la cave, mais je vois beaucoup de locataires. Nous travaillons souvent sur place, dans les bâtiments, et nous résolvons les problèmes que nous détectons immédiatement. Par ailleurs, Pauline et moi tenons toujours compte des semaines de congé pour résoudre les problèmes.Nous sommes par exemple allés à Ter Plaeten pendant les vacances de Pâques, et nous y avons travaillé à plein régime. En deux semaines, tout était bouclé et nos étudiants n’ont rien remarqué.Lorsque je réalise des essais techniques, j’en profite également pour discuter avec les étudiants. L’eau était-elle chaude ? L’eau était-elle suffisamment chaude ? Avez-vous remarqué quelque chose pendant que vous preniez votre douche ?À ce propos, j’ai une petite anecdote. Saviez-vous que les femmes prennent des douches plus chaudes que les hommes ? C’est un paramètre que j’ai étudié. Et c’est scientifiquement prouvé, bien sûr. Donc, lorsque je règle la température, j’ai plus tendance à consulter une étudiante de sexe féminin, pour que la douche soit agréable pour tout le monde.
PAULINE: Quand il s’agit de partenariats durables, je passe des coulisses au premier plan. J’entretiens de nombreux contacts avec les parties prenantes et les fournisseurs. J’interroge nos fournisseurs et je sonde leur score ESG (score environnemental, social et de gouvernance). Parce nous ne nous contentons pas d’être nous-mêmes durables. Toute notre chaîne de valeur est passée au crible et comparée à nos normes.Nous avons récemment introduit le logiciel Carbon Alt Delete, qui recense toutes les émissions de CO² dans l’ensemble de notre chaîne de valeur. Nous ne tenons donc pas seulement compte de nos propres émissions, mais aussi de celles de nos fournisseurs.
Quand il s’agit de partenariats durables, je passe des coulisses au premier plan